« 1953, Marlon Brando roule des mécaniques dans la Horde Sauvage, suivi en 55 de James Dean dans La Fureur de vivre. »
Deux marqueurs dans l’histoire du cinéma qui allaient influencer les rebelles du temps qui vient et passe. Dans les années 70, nos sautillants Chats Sauvages chantaient Twist à Saint Tropez. C’était plus joyeux que les Hells Angels sanglés dans leur blouson qui ont sur la conscience le meurtre d’un spectateur au concert des Stones à Altamont … mais ont-ils une conscience ? Vinrent les Sex Pistols, les Ramones et d’autres, qui ajoutèrent chaînes et clous à leur simili armure de cuir noir pour le cas où personne n’aurait compris leurs psalmodies « fuck the system » et « no future ». Point d’orgue vers 80, avec Schwarzenegger dans Terminator aux épaulettes sous stéroïdes et son « Hasta la vista Baby ! » … le blouson d’Irving Schott méritait bien autre chose que de terminer emblème de bad boys de music hall et de cinéma, car la réputation du Perfecto était devenue mauvaise. On rapporte même que des collèges de l’East Coast huppée avaient formellement interdit aux élèves de le porter.
Heureusement, une nouvelle génération, éprise de mixité et de couleurs, se mit à réhabiliter ce vêtement, fait pour les grands espaces, pas pour les clivages.
Dans ce cas on peut toujours compter sur Yves Saint-Laurent pour faire souffler le bel et bon vent de la féminité.
Ses collections de blousons en cuir devinrent iconiques, sur les jolies épaules des Cindy, Linda, Naomi, Kate, Claudia … pourquoi pas nous ! Les H&M, Mango, Zara, Zadig & Voltaire (…) ne se privèrent pas de prendre le train en marche et c’était bien. Ah ! J’ai failli oublier une chose importante. La maison Schott, en entrepreneur avisé, ne manqua pas de déposer sa marque et le nom de son blouson. Irving l’appela "Perfecto", du nom des cigares cubains qu’il fumait en série. Seule la marque Schott a le droit d’exploiter "Perfecto", ce qu’elle fait toujours avec constance et fierté. En dépit de toutes les protections que la Propriété Intellectuelle doit à un nom de marque, elle ne peut toutefois pas grand-chose contre le langage de la rue qui insiste toujours pour s’approprier l’évidence. Perfecto aura connu le même destin que ses collègues en renommée, Frigidaire, Escalator, Botox, Mobylette, Santiago … entrés dans notre lexique du quotidien, coupant l’herbe sous les pieds de la propriété intellectuelle. On objectera aux défenseurs légitimes de ces noms qu’ils ne pourront rien contre frigo, mob ou santiag, ultime consécration que ces détournements ! Pareil pour notre Perfecto, devenu un «perf ».
Et puis voilà, à notre tour nous avons ajouté un Perf à nos collections, nous en avions très envie, nous aimons bien réinterpréter le vestiaire masculin, vous le savez. Nous voulions que notre Perf soit « perfecto », plus dans le sens idéal que parfait, en bon Espagnol. L’idéal est une promesse, la perfection n’étant pas de ce monde.
Les temps ont changé ; les nouveaux Perfectos doivent se démarquer de toute rébellion stérile et se ranger du côté de l’éco-responsabilité. Voilà bien le nouvel idéal. Fidèles à notre credo, zéro gâchis, les peaux de notre Perf proviennent de stocks inutilisés d’une grande Maison Française (Chanel, pour ne pas la nommer) après avoir vérifié que les bêtes étaient bien mortes à l’origine, pas abattues à dessein et que le processus de traitement des peaux fut conforme à toutes les normes en vigueur. De plus, il a été intégralement produit à Paris, son dessin, sa toile, son patronage, sa fabrication, le tout à notre porte en juste-à-temps. Il a été confectionné chez mon ami Alain dans ses ateliers parisiens, que je connais depuis plus de 10 ans, et pour qui j'ai la plus grande estime. Nous sommes fières que notre Irving adoré ait déjà su conquérir bon nombre d'entre vous.
Prenez soin de vous, toujours.
C.H