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Philomène Rémy - celle qui ne lâche rien.

Aujourd’hui je vous présente Philomène , grand reporter, Philo mon amie depuis notre rencontre sur les pistes de ski des Alpes vers nos 17 ans. Je devrais dire, autour des pistes de ski, parce que, en toute lucidité, le niveau de ski qui nous sépare est abyssal. Philo était aux portes de l’équipe de France de ski, moi j’étais aux portes… des restaurants d’altitude à faire bronzette en attendant le retour de la championne et de ses acolytes qui sillonnaient les pistes à très grande vitesse. Si notre amitié n’avait tenu qu’au ski, nous n’aurions qu’été copines, avec pour seul point commun l’après-ski, une semaine par an, et uniquement dans la tranche horaire qui allait, en moyenne, de 9 h du soir à 4 h du matin… juste le souvenir de moments foutraques qu’on croyait épiques, et qui ne l’étaient pas, en sortant de l’adolescence en pouffant de rire. Cela aurait été bien superficiel, mais il y a le reste, tout le reste, qui forge une amitié au fil du temps. Oublions le K, Philo l’a traversé, comme moi, frappée jeune, en plein vol. Anciennes combattantes, elle et moi, c’est vrai, comme tant d’autres, mais ce n’est qu’une contingence, pas un étendard exclusif qui nous unirait dans la rumination de notre mauvais sort. La vie qui redémarre en pétaradant et la quête de sens, sortant des décombres d’un tremblement de terre, c’est quand même autre chose de plus impératif. Philo est née dans une famille aimante, tenant un bel hôtel à Gérardmer, au cœur du massif des Vosges, moins spectaculaires que ses imposantes voisines, les Alpes, qui trônent en majesté sur l’Europe. Mais les Vosges, mine de rien, recèlent bien des charmes et des mystères sous la voûte de sa forêt de résineux. De fait, Gérardmer accueille tous les ans, le Festival du film fantastique , ce n’est sûrement pas un hasard.
Justement, ce n’est évidemment pas un hasard si à 7 ans Philo fit une rencontre décisive - oui dès 7 ans ! quand on naît déterminé, l’âge n’est qu’un chiffre - à l’hôtel familial qui hébergeait quelques célébrités à l’occasion du Festival. Parmi elles - «Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » - se trouvait François Chalais, véritable icône du grand reportage,
à la fois interviewer magnétique des stars du cinéma des années 70 et grand baroudeur sur tous les terrains où se fait la grande histoire, dans la fureur et surtout alors, le napalm. François Chalais fut en effet le grand témoin de la guerre du Vietnam dont les reportages T.V contenaient autant de prise de conscience et de justesse dans la description de la folie dévastatrice, qu’Apocalypse Now de Coppola, qui sidéra le monde en 79. «Cesse d’embêter le Monsieur … », il est probable que Maman a dû gentiment sermonner sa Philomène en ces termes, lorsque du haut de ses 7 ans elle apostropha ce grand homme de 70 ans. Elle savait déjà qu’elle serait grand reporter pour courir le monde, comme lui, pas moins. Celui-ci était aussi un homme bienveillant. On est souvent bienveillant et humain quand on a tant vu la noirceur au cœur des hommes, en direct, sans le moindre filtre. Et le Monsieur ne fut pas du tout embêté de voir tant d’étincelles dans les yeux de cette gamine, au contraire. Longtemps plus tard, jusqu’à sa mort, le vieil homme n’aura cessé de correspondre avec Philo, qui en avait fait son Pygmalion en journalisme de grand reportage. Avant le grand reportage, il faut pourtant accomplir quelques formalités parallèles, qu’on appelle les études. École de commerce de qualité (ESCE), passeport pour la finance exercée à Londres, à une époque pas si lointaine avant Brexit, où les financiers de tout poil croyaient avoir atteint leur nirvana en gagnant la City. Philo fit le job, comme on dit, en respectant tous les codes d’une profession où la prise de risque se calcule et s’assure en vue d’un horizon que tout ce petit monde croit indépassable : enrichissement et profit monumental à court terme ! Philo a une autre conception de l’enrichissement, nettement moins matérialiste, et puis, de toute façon, le K venait de la mordre. Elle n’avait pas besoin de lui pour changer de vie ! mais elle fit avec… En guérison, comme la vie paraît vouloir s’entêter à porter Philo au bout de ses rêves , le temps est venu d’accomplir son serment de petite fille à Gérardmer, devenir grand reporter, ici et maintenant. Entrée chez Chanel 4 News, sa rédaction l’envoie sans tambour ni trompette au Mali où une sale guerre ethnique et le terrorisme couvaient sous la cendre. Seule reporter ou presque disponible dans les chaudrons de Gao et Tombouctou, Philo est sollicitée par d’autres médias, y compris France 24. Ses reportages incisifs sont remarqués. Ses premiers galons la pousse jusqu’à i-Télé qui l’embauche. Le salaire de Philo est beaucoup moins important qu’à Londres quand elle jouait à la banquière. Qu’importe, aujourd’hui on l’a paye suffisamment pour découvrir le monde et tenter de le transformer en témoignant, ce n’est pas rien et c’était son rêve. Elle sera au Népal en 2015, lors du terrible séisme ; elle fera un reportage poignant sur la terrifiante épidémie d’Ébola en Guinée ; elle ira aussi en Irak et au Nigéria, autres points chauds de notre planète. Sur le porte avion Charles De Gaule elle fera un reportage sur nos troupes en mission. Elle ira à Gaza pour témoigner de la brutale violence entre deux peuples. Un voyage qui la marquera à vie. Un jour, cependant, un actionnaire breton bien connu, décidé à faire main basse sur i-Télé en bouleversant sa ligne éditoriale, provoqua une grève qui décima le corpus des journalistes. C-News venait de naître aux forceps, mais sans Philo ni plein d’autres talents de la chaîne qui partirent voir ailleurs. Philo ne tarda pas à rebondir. Après des années passées à sauter dans le premier avion pour couvrir un événement immédiat sur le terrain, voici venu le temps de la réflexion et de la prospective. Elle aimerait prendre de le temps de comprendre et d’analyser une région.
Direction New Delhi en Inde, formidable poste d’observation de tous les bouillonnements et intenses contradictions de notre humanité,
l’Inde et ses plus d’un milliard d’âmes unis sous le même drapeau, depuis le départ des Anglais en 47, mais tiraillée entre ses civilisations atomisées, ses ethnies, ses castes, ses religions, ses mythes et superstitions, en proie à des inégalités inouïes, de l’extrême pauvreté jusqu’au faste de ses maharadjahs des temps modernes, ses «slumdogs » et ses «millionnaires »... Là-bas, elle occupe la position de chef du bureau pour France 24 et rêve de se mettre à réaliser des documentaires dans des pays voisins ce qu’elle fera. Philo va laisser tout préjugé occidental à la frontière et va aimer l’Inde passionnément. Elle va aller scruter le phénomène de radicalisation islamique aux Maldives, l’envers dangereux de la carte postale touristique où l’eau est inévitablement turquoise et le sable blanc pour l’éternité. Elle va développer une conviction. Il est trop facile aujourd’hui dans ce bas monde d’être manichéen, pour ou contre sans nuance, exclure l’autre et sa différence sans le moindre compromis, gueuler avec les loups d’un seul camp, proclamer sa supériorité sur l’autre, «comme ça, parce que c’est comme ça , pas autrement », bien (trop) souvent avec les religions pour prétexte … un peu court comme rationalisme ! C’est une autre paire de manches que de prôner l’objectivité, analyser avec lucidité les voies qui mènent à la raison. Le vrai courage, le plus subversif somme toute, c’est vouloir construire des passerelles entre deux haines . Qu’y a-t-il donc de si insupportable à vouloir vivre en paix et progresser ensemble ? Dans chaque documentaire, Philo exerce sa capacité à raisonner avec justesse et objectivité, sollicitant tous ses réflexes intactes d’observatrice tout terrain. Elles s’intéresse aux femmes contraintes à l’exil pendant leurs règles, dans certaines régions d’Inde et du Népal, funeste superstition enracinée dans des campagnes arriérées. Les malheureuses filles, réputées impures pendant leurs règles, sont forcées à se réfugier dans des cabanes loin du village, où souvent elles trouveront infections, froid, serpents… et la mort. A l’autre extrémité du spectre, Philo rencontre aussi la lumière, en la personne de Kailash Satyarthi, l’Indien co-lauréat avec Malala Yousafrai, la Pakistanaise, du Prix Nobel de la Paix en 2014. Kailash Satyarthi a débuté son engagement en organisant des raids contre des usines et des ateliers, dans le but de libérer des familles entières contraintes de travailler pour rembourser un prêt qu’elles avaient contracté. Il oeuvre aussi pour interdire le travail des enfants, notamment dans l’industrie du textile.
Cet épisode nous touche spécialement à Mister K ; nous nous sentons profondément investies d’avoir à vous fournir des collections vertueuses qui ne fassent pas fi du facteur humain et des enjeux de la planète dans toute notre chaîne de production . Exploiter des enfants dans l’industrie textile, et partout ailleurs, nous révulse.
Philomène va suivre les équipes de Kailash dans l’un de ses raids pour sauver des enfants exploités dans un atelier clandestin de broderie pour un reportage France 24. Elle a retrouvé quelques semaines plus tard l’un des enfants sauvés qui lui confiera: «J’aimerais rester avec ma famille mais ce n’est pas pas possible. Mes parents n’ont pas les moyens de me nourrir. Donc soit il y a de la place pour moi dans un centre d’éducation de Kailash Satyarthi soit je devrais repartir travailler. » La maturité du gamin et le cas de conscience qu’il posait, bouleversèrent Philomène. Pour Philo, l’Inde est une «essoreuse d’âme », ce sont ses mots. Pendant son récit je croyais relire l’envoûtant Nocturne indien d’Antonio Tabucchi, si loin des clichés touristiques chatoyants ou d’un selfie en posant «niaiseux » devant le Taj Mahal . A la recherche d’un ami disparu, le héros se perd dans tous les bas-fonds d’Inde et de sa foule grouillante. Au détour d’une phrase il dit : « tous ces corps peut-être sont-ils comme des valises, nous y transportons nous-mêmes… ». Faute de retrouver l’ami, il se retrouve lui-même. Il n’est pourtant pas question que Philo se pose un instant et souffle, exercices qui lui sont étrangers, ce qui n’empêche pas la réflexion sur la vie qui passe.
«Le journalisme, c’est le contact et la distance » disait Hubert Beuve-Méry, fondateur du journal Le Monde.

Plume : CH

 

Le principal trait de ton caractère ?

Curieuse, déterminée et optimiste.

La qualité que tu préfères chez un homme / femme ?

L'humour et la sincérité.

Ton principal défaut ?

Impulsive, impatiente, boudeuse, pas du matin bref la liste est longue !

Ton occupation (passion) préférée ?

Refaire le monde avec des gens passionnant tout en mangeant du fromage et plus particulièrement du munster ! (fromage à patte molle qui sent très fort mais reste au demeurant délicieux.

Ton rêve de bonheur ?

Que je puisse enfin acheter du munster en Inde.

Le pays où tu désirerais vivre ?

Pour le moment, j'ai encore tellement de choses à découvrir en Inde.

Ce pays fait la taille d'un continent ! Pour la suite, presque tous les pays !

Pourquoi ? Du coup c'est plus complexe de répondre à ce « Pourquoi »

ou alors pour résumer parce qu'il y a tout un monde à explorer et que je ne me ferme aucune porte.

Ton œuvre préférée ?
Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry.
C'est un grand classique mais c'est à lire du berceau à ses 80 ans et plus.
C'est le livre qui ne me quitte jamais.
C'est la vie tout simplement ou plutôt ce que devrait être la vie.
Ton héro ou héroïne ?

Toutes les femmes sont mes héroïnes.

Le don de la nature que je voudrais avoir ?

Téléportation ou réincarnation mais seulement en Keith Richards.

Ton État d'esprit actuel ?

Think out of the box.

La Faute qui t'inspire le plus d'indulgence ?

Les gens qui ne parlent pas avant leur premier café car je fais pareil.

Ta devise ?

Oublie que t'as aucune chance. On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher.

(oui je sais grande référence cinématographique mais je l'ai beaucoup appliqué dans ma vie professionnelle.)

Quelle est ta plus grande fierté ?

Savoir prendre des grands virages dans ma vie quand elle ne me convient plus.

Par exemple, passer de ma vie londonienne dans la finance au journalisme

et plus récemment démissionner d'un CDI puis aller vivre en Inde.

Quel est le mantra qui te correspond le plus dans nos collections :

Never give up et Forever Young : Je les aime tous et je pense qu'ils sont très liés en plus,

un peu comme des légos qui s'emboitent tous semble.

Mais si je devais choisir 'Never give up' et 'Forever Young' car j'espère rester à jamais une grande enfant.

Que t’inspire notre marque Mister k. ?

De l'admiration, beaucoup d'admiration, une sacrée nana (charlotte)

et une vision de la vie qui rend capable de déplacer des montagnes.

Que souhaites tu dire, conseiller, aux gens qui te découvrent aujourd’hui ?

Je vous jure je me brosse les dents après avoir mangée du munster !

Non plus sérieusement, soyeux curieux, à l'écoute des autres mais aussi à votre écoute

pour comprendre ce que vous voulez vraiment,

voyagez et essayez chaque jour de vous améliorer un peu (en Inde, on appelle ça le Karma et j'y crois!)

POUR SUIVRE PHILOMÈNE :

UNE SÉLECTION DE REPORTAGES DE PHILOMÈNE :