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Louise

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, j’ai beaucoup de joie, pas mal d’émotion aussi, à vous présenter Louise [Bouchain], mon amie, ma sœur de cœur. 

Il est heureux que cet International Women’s Day, décrété par l’ONU, ait été transposé en France sous l’appellation de Journée international des droits des femmes, des droits au pluriel et cela change tout. Il ne s’agit pas d’inscrire sur l’agenda une journée folklorique de plus, qui fleure bon le marketing ou la symbolique de pacotille. Dans le genre nous avons déjà Halloween, le Black Friday ou la Saint Valentin … nous méritons tellement plus, y compris défendre nos droits. Pour ce faire, Louise en a fait son métier, elle est avocate.

Nous nous connaissons depuis la petite enfance. Nous avons fréquenté l’Ave Maria, notre école de quartier, qui, comme son nom ne l’indique pas, était laïque, républicaine et mixte. Elle l’est toujours.   

La joie et les cris de la volée de moineaux que nous étions, retentissaient à la récré, entre les murs gris en moellons de la cour.

À l’intérieur, Madame Salfati, la Directrice, faisait régner une discipline bon enfant, attentive et disponible. Toujours tirée à quatre épingles, Madame Salfati possédait l’aura et les attributs de la fonction, mais je la soupçonne aujourd’hui d’avoir été et d’être encore une hypersensible inavouée et je m’y connais pour débusquer le syndrome HSP. Je serais émue si vous lisiez ces lignes, Chère Madame Salfati, Louise et moi ne vous avons pas oubliée.  

Le samedi venu, nous étions princesses ou fées Clochette dans les anniversaires chez les unes et les autres, anniversaires d’autant plus nombreux et faciles à organiser que le 4e arrondissement de Paris est une sorte de village au milieu de la grande ville. Notre enfance fut heureuse, puis, j’ai évoqué la fin de l’adolescence dans mon bouquin :

«[…] Pourtant, peu de temps après le bac, nous nous sommes éloignées, brouillées peut-être, pour des raisons que ni elle ni moi ne serions capables de verbaliser avec certitude aujourd’hui. 

Apprenant que le K m’avait méchamment mordue, Lou a repris contact avec moi, sans calcul ni obligation d’inventaire des choses révolues. J’ai essuyé une larme de bonheur en la retrouvant cette année-là ». Depuis, nous ne nous sommes plus quittées .

Aujourd’hui, Louise est donc avocate, engagée, très engagée, passionnément engagée. Lorsqu’elle a prêté serment en 2012, elle a juré « d’exercer [ses] fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ». Loin d’être une formule grandiloquente et solennelle, c’est une raison d’être, une éthique d’action, comme un phare dans l’obscurité et Louise a choisi de pénétrer dans cette obscurité pour traquer tous les misérables travers, petits et grands, de l’âme humaine, avec son lot de lâcheté et de violences insupportables.

Avec sa copine et consœur Valentine Rebérioux, qui est naturellement de la même trempe, Louise a fondé Pisan, leur cabinet d’avocat. Bienvenues les filles dans le monde des entrepreneurs, fait de stress et de trésoreries en souffrance ! Les stars du barreau qui passent à la télé ne sont qu’un vernis clinquant qui ne doit pas occulter l’abnégation de l’immense majorité de celles et ceux qui exercent leur métier comme des moines soldats. Sur l’autre planète que le star système, il reste aux anonymes la flamme et les causes à défendre coûte que coûte.


Elles ne manquent pas ! Louise s’est, depuis toujours, rangée du côté des victimes. C’est ainsi. Ce sont des choses inexplicablement inscrites dans le labyrinthe de notre code génétique. Lorsque par exemple autour de Noël, un petit cirque installait son chapiteau rapiécé sur le bout de place Morland,  nous y allions Louise et moi, sans entrain, pour suivre les copines et les copains, sous la houlette d’un père ou mère de service chargés à tour de rôle d’accompagner la petite troupe. Immanquablement, venait le moment où Pipo le clown se faisait botter les fesses par le Fier-à-bras, sous les encouragements et les rires en rafale de la meute surexcitée. Toute la meute ? Non ! du haut de nos 5 ans, Louise et moi étions les seules à ne pas vociférer. Révoltées ? Pas encore, notre conscience politique était alors au degré zéro de sa formation, mais nous avions le cœur au bord des lèvres. Pipo le clown triste était une malheureuse victime, un point c’est tout. 30 ans plus tard, en somme, rien n’a changé. La domination satisfaite, l’arrogance, l’injustice érigée en système avec jouissance et cruauté, la violence sous toutes ses formes … nous sont insupportables.  

Comme une pulsion éthique irrésistible, Louise défend donc les victimes, d’où qu’elles viennent. Nous avons trouvé Louise au soutien des survivants de l’Hyper-Cacher de la Porte de Vincennes. Le terrorisme est évidemment l’acmé de la violence insoutenable. Louise a obtenu la relaxe des Femens qui n’avaient pas hésité à s’exhiber en travers du convoi de Trump sur les Champs Elysées. Le palmarès de succès bien moins médiatiques devient copieux, parce qu’il est d’autres violences enracinées qui mobilisent Louise avec une détermination qui ne pourra jamais faiblir : les violences faites aux femmes, dans tous les recoins où il est toujours aussi désespérément difficile d’éradiquer sexisme, harcèlement, terreur, soumission, brutalité, viol, féminicide, comme autant de tumeurs d’un autre âge. 

Alors Louise l’hypersensible devient implacable avocate. L’enjeu n’est pas que judiciaire, il s’agit d’un enjeu de société et d’un combat. Elle déclare sans ambages « les acteurs du monde judiciaire ont peur d’être responsables d’un drame. Il faut s’en saisir et maintenir la pression ». Oui Louise ! La peur doit changer de camp. Cette violence est tellement sournoisement enracinée. Le cliché du crétin alcoolique qui tabasse sa femme ne peut être l’arbre qui cache l’immense forêt où se planquent les autres, tous les autres, les bien propres sur eux en apparence mais qui se déchaînent dans le huis clos d’un coquet pavillon où dans le silence d’un bureau fermé … La « banalité du mal », pour parler comme l’immense Hannah Arendt en d’autres circonstances barbares, n’est plus une justification acceptable. 

Un vent salutaire s’est levé et ce 8 Mars, en cette Journée international des droits des femmes, nous ferons masse, d’une façon ou d’une autre, pour réclamer égalité salariale, égalité des chances …. égalité en tout ! Soyez assurées que Louise sera en tête de ce cortège.

« Nous les femmes, nous sommes la moitié du ciel et même un peu plus. 
Nous entendons être la moitié de tout, pas vos moitiés, la moitié de tout.
Et surtout, surtout, être au moins la moitié partout où se prennent les décisions.
Le monde qui vient devra s’habituer partout à la présence partout, la présence forte de nos filles, de vos filles »
- Christiane Taubira

C.H