Nul besoin de rêver Haute Couture, quand le vrai luxe se niche dans une coupe parfaite, exécutée avec rigueur et passion, l’élégance sans contingence, celle qui se marie si bien avec la capacité d’étonner sans détonner, le culte du petit mot qui fait du bien, la candeur et le partage au moment où nous ouvrirons nos cadeaux autant que nous ouvrirons nos cœurs. Bref, laissez moi vous raconter un habit intemporel : Le Smoking .
Il fut créé en 1860 dans les ateliers de Henry Poole & Co. tailleur sur mesure de la gentry.
Aussi immuable que la royauté et le gazon anglais, l'atelier est toujours actif au 15 Savile Row – leur Rue Cambon si vous préférez ! Sous le règne de l’inflexible Reine Victoria, son fils, le Prince de Galles, futur Édouard VII, éprouva l’idée de joindre l’utile au chic obligé pour faire bonne figure dans les fumoirs - d’où le nom de « smoking jacket », vous l’aurez deviné -. Voilà que je me prends pour Stéphane Bern ! Revenons à nos moutons ...
Le « cahier des charges » était simple : confectionner un habit confortable, plus confortable que l’habit classique (à savoir la « queue-de-pie », aussi souple qu’une cotte de maille), un unique bouton recouvert de soie, sans basques, des poches sans rabats, sans fente dans le dos, un col châle et ceinture drapée (en principe, en gros grain de soie, plutôt qu’en satin, réputé trop brillant - « so shocking indeed ! »). Autant de détails destinés à permettre aux cendres de cigares de glisser sur le vêtement avec la même aisance que celle des Lords qui glissaient du bar jusqu’à la table de jeux. Quelques variantes apparurent avec le temps, y compris la veste qui put et peut toujours, à la rigueur, être le blazer croisé avec deux paires de boutons, notamment aux USA qui commencèrent fin XIXe siècle à s’émanciper de la tutelle culturelle de l’empire britannique. Là-bas, le smoking fut nommé Tuxedo, référence faite au Tuxedo Park Country Club de New York où le milliardaire James Potter donnait des fêtes moins guindées que les fumoirs de notre Prince de Galles. Plus tard, Hollywood mit les pieds dans le plat pour préempter sans vergogne le vêtement aristocratique. Fred Astaire, puis les bad boys, Frank Sinatra, Dean Martin ou encore Samy Davis avaient eux aussi belle allure dans leurs Tuxedos, au cours de soirées pas toujours recommandables.