ITW n°91 : Audrey - La psy qui parle.
Hello,
aujourd'hui je vous présente la douce et bienveillante Audrey, 31 ans, psychologue, spécialisée en psycho-oncologie, et créatrice du blog "La Psy qui parle", car les pro ont eux aussi la parole sur Mister K fighting Kit, ces soignants sont nos parenthèses essentielles pour armer notre combat. Se faire accompagner psychologiquement fait parti selon moi d'un des à coté indispensable pour mettre des mots sur la réalité, accepter de se faire aider car ensemble on est toujours plus fort, se donner des clés pour se renforcer, vider son sac, lâcher les vannes, la rage, la colère, parler sans pudeur de ses peurs, de ses doutes en toute confiance avec quelqu'un d'extérieur à notre premier cercle.
A la lecture d'Audrey, je gage que vous aurez toutes envie de vous confier à elle tant ses mots résonnent par leur sincérité, justesse et délicatesse, un témoignage précieux qui brise les a priori qu'on peut avoir du psy taiseux, inaccessible, qui montre combien elle se rend compte de la singularité de chaque histoire et chaque patient, et surtout combien elle s'engage à les aider, en étant 100% dans l'échange et l'écoute. N'hésitez pas à la contacter par ici !
(personnellement mon psy aura été un des acteurs essentiel pour m'aider à me reconstruire, aussi bien pendant que après le K, pensez y)
Superbe découverte (très utile en plus) !
Commençons:
Qui es tu ?
Prénom: Audrey Age : 31 ans Profession: psychologue Ou exerces tu : Toulouse
En quoi es tu spécialisée ? psycho-oncologie
Pourquoi as tu choisi cette ou ces spécialités ? Pendant mes études j’ai passé près d'un an de stage en service d'oncologie, j’ai pu accompagner des patients et leur famille. Cette expérience a changé ma vision de la maladie et j’ai surtout appris que chacun vivait cette épreuve de manière très différente.
Pourquoi acceptes tu de partager ton témoignage aujourd’hui ?
J’ai envie de proposer un autre regard sur les psychologues, qui sont souvent perçus comme des personnes muettes dont le rôle n’est pas toujours très clair. C’est d’ailleurs cet apriori qui a inspiré le nom de mon blog (la psy qui parle).
Quelles sont tes qualités (en quelques mots) ?
En général mes amis disent que je suis quelqu'un de calme et à l’écoute. De nature optimiste, je suis persuadée qu’il y a toujours quelque chose à faire même dans les situations les plus difficiles.
Quelles sont tes passions (en quelques mots) ?
j’ai la chance de faire un “métier-passion”, du coup la psychologie en fait partie. Je trouve que le fonctionnement de l’esprit humain est vraiment fascinant. Sinon, j’aime beaucoup l'aviron car ça me détend énormément. Depuis 1 an je prends aussi des cours de danse (lindy hop) et c’est un super « booster », surtout quand on aime la musique des années 20.
Comment annonces tu les “mauvaises” nouvelles quand tu annonces un K ?
C’est le médecin qui annonce le diagnostic et les mauvaises nouvelles, toutefois je peux rencontrer les patients dans les jours ou semaines qui suivent. Les patients et les familles peuvent solliciter mon aide quand ils le souhaitent et à tout moment.
Quelles sont selon toi les phrases à éviter face à un K fighteur ? 1. Au moment de l’annonce j’ai écrit un article qui reprend les phrases maladroites que les patients entendent souvent, comme "ne t’inquiète pas, le cancer ca se soigne" 2. pendant le combat je sais que certaines personnes n’aiment pas entendre « tu es courageux » ou “ tu es un(e) battant(e)"
3. en general je dirais toutes les phrases qui commencent par « tu devrais.... », si on peut éviter aussi les comparaisons du type « je connais quelqu’un qui a eu la même chose que toi…etc »
Quels sont tes premiers reflexes quand tu es face à un K fighter qui vient de découvrir l’annonce ?
Je commence par l’écouter pour qu’il puisse exprimer ce qui est important pour lui. Dans le cadre d’un premier rendez-vous, je demande au K fighter de me raconter son parcours de soin depuis l'annonce du diagnostic jusqu’à aujourd'hui. C’est aussi un moment où l’on identifie ensemble ses ressources pour l’aider à faire face à la maladie.
Comment te prépares-tu avant l’annonce, quelle est ta méthode pour te blinder ?
Je ne me prépare pas avant l’annonce car il est rare que je rencontre les patients avant leur oncologue.
Que conseilles-tu au patient après, une telle annonce ?
Garder un maximum de repères et d'activités qui font du bien. C’est important que le K fighter puisse exprimer ce qu’il ressent et dire à ses proches ce dont il a besoin.
Que conseillerais-tu aux proches, prends tu le temps de leur parler à eux aussi pour les soutenir et leur donner des conseils ?
Je conseille aux proches de rester eux mêmes tout en disant et d’être à l’écoute de leur proche malade, lui rappeler qu’ ils sont là pour lui (elle). Je les incite aussi à garder du temps pour eux ; sinon comment aider l’autre si on n’a pas d’énergie pour soi ?
Quel est ton ressenti après l’annonce ?
Quand un patient vient me rencontrer après l’annonce, je suis toujours touchée par ce qu'il me raconte. C'est une histoire unique qu'il vient me confier.
Penses-tu savoir bien réagir?
finalement je crois que je suis plutôt dans l’action que la réaction. C’est-à-dire que j'essaie dès la première rencontre de voir les ressources personnelles du patient et de lui faire prendre conscience que malgré cet état de choc, il est possible de continuer à avancer.
Qu’est ce que tu aurais à améliorer dans ta méthode ?
Ma méthode ce sont surtout les approches psychologiques et les psychothérapies. Dans mon métier, on peut toujours s’améliorer. Je pense que ça passe par la formation et également par le travail sur soi.
Arrives-tu à prendre de la distance à chaque fois, quand tu rentres dans ton quotidien le soir ?
En général oui, quand je rentre chez moi je me consacre principalement à ma famille. Mais il y a des moments où les situations nous marquent davantage.
Que fais tu pour te changer les idées, quand tu es trop impactée ?
J’essaie le plus possible d’appliquer ce que je dis aux patients: pourquoi attendre d’aller mal pour prendre soin de soi ? Vu que mon outil de travail c’est mon mental, je prends régulièrement du temps pour moi (sorties, sport, loisirs créatifs...) afin d’être dans les meilleures conditions possibles pour les personnes que j’accompagne.
Quels seraient tes meilleurs conseils / astuces pour patients / proches pendant le combat (à l’hôpital, chez eux …)?
Pas facile à dire car ça dépend beaucoup des personnes et des situations. Ce n’est pas vraiment une astuce mais plutôt un conseil à proposer. J’ai envie de dire à toutes les personnes qui font face à la maladie: « Faîtes-vous confiance! Vous êtes votre meilleure boussole ». Essayez d’oublier les « il faut que » , et surtout n’oubliez pas que vous faites du mieux que vous pouvez avec les moyens que vous avez . Je sais qu’on a souvent peur d'embêter, mais n’hésitez pas à demander du soutien en cas de besoin (aux proches, aux associations ou aux soignants).
Que préconises tu pour gérer l’anxiété, les insomnies ? (pas de médocs forcément ça peut-être des astuces)
Pour gérer l’anxiété il y a beaucoup de techniques, je commencerai par citer celle que je propose tous les jours: exprimer son ressenti à ses proches ou à un professionnel de santé. C’est déjà une manière de se libérer d’un poids et de réduire le stress. L'avantage de le faire avec un psy c est qu’on est face à une personne formée à l’écoute, qui ne va pas nous juger et avec laquelle on n'a pas de lien affectif (en général on n’a pas peur de faire de la peine à son psy quand on lui parle). Idem pour les insomnies, et il y a aussi les techniques de relaxation (notamment la sophrologie) très efficaces qui permettent de relâcher le mental et de détendre le corps.
Quelles sont tes astuces pour faciliter les traitement (dans un cadre de coquetterie, des exemples beauté, “bien être”, sport) ;) ?
Je ne peux pas vraiment répondre à la question, cependant on sait aujourd'hui que l'activité physique (pas uniquement le sport) est bon pour la santé et permet de mieux gérer certains effets secondaires des traitements. Je propose aussi aux patients de rencontrer la socioesthéticienne qui leur offre un vrai moment de douceur et des conseils très utiles.
Crois tu aux bienfaits des médecines “parallèles” ? (Type : acupuncture / homéo / auriculothérapie ..?)
Je rencontre énormément de patients qui font appel aux médecines complémentaires . Je ne suis pas spécialiste du domaine, cependant j’ai beaucoup de patients qui me parlent des bienfaits de l'acupuncture et de l’homéopathie.
Si oui, quelles sont selon toi les plus adaptées pour accompagner les K fighters ? Les méthodes qui leur apportent du positif et qui ont du sens pour eux.
Connais tu des liens utiles à conseiller aux K fighters, des associations, des sites , des centres spécialisés ?
La Ligue contre le cancer propose beaucoup d’activités et d’informations. J’ai récemment découvert « la vie autour » qui répertorie les associations en fonction du lieu où vous habitez. Il suffit d’indiquer le nom de votre ville et ce que vous recherchez (soutien, activité physique etc..) et le site vous indique tout ce qui se trouve près de chez vous. Je pense également à AlloAlex qui permet de répondre aux questions concernant le travail.
Tu as un blog toi aussi, peux tu nous en dire plus sur son intention / but ?
j’ai créé un blog qui s’appelle “La Psy Qui Parle” pour aider les personnes confrontées à la maladie à rester acteur de leur vie. Je propose des conseils et des articles (bientôt des vidéos) sur « Comment annoncer la maladie à son enfant ? », « Faut-il avoir un moral d’acier pour guérir du cancer ? » ou « Le coup de blues après traitement ». L’idée est de proposer des informations fiables et pratiques sur un site original qu’on ait envie de lire. Tous les liens pour te suivre (FB + Twitter + lien du Blog) ?
pour découvrir le blog c’est sur: lapsyquiparle.fr, et aussi sur les réseaux sociaux comme facebook, twitter et instagram.
Champs libre, raconte nous ce que tu souhaites, qui ne se trouverait pas dans ces questions :
Je pense qu’on pourrait encore communiquer davantage sur l’intérêt de la prise en charge psychologique afin de le présenter comme faisant partie intégrante du traitement. C’est évidemment le corps qui est touché par la maladie, mais c’est aussi un être humain dans sa globalité avec son esprit. Pour moi il est indispensable de prendre également en compte l’impact psychologique de la maladie. Faire la démarche de rencontrer un psychologue n’est pas toujours évident car on souhaite s’en sortir tout seul, par soi même. Toutefois, les psys ne font pas à la place du patient, ils sont là pour accompagner. C’est le patient qui reste acteur de sa vie. Finalement rencontrer un psy c’est se lancer dans un travail de collaboration : d’un côté il y a le patient qui relate son expérience et son vécu, et le psy qui apporte ses connaissances pour l’accompagner.
Mon objectif est aussi d’aider le K fighter à prendre conscience de ses forces et de ses ressources.
Merci à toi Charlotte de m’avoir donnée la parole et pour tout ce que tu fais pour aider les K fighters .
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Merci Audrey, pour ce témoignage si important qui lève le voile sur une part indispensable dans l'accompagnement.
Vous pouvez laisser des commentaires à Audrey, ci dessous.
Si comme elle, vous êtes soignant / pro dans l'accompagnement des K fighters et que vous souhaitez témoigner, on a besoin de vous aussi, rdv ici, renvoyez moi votre questionnaire et 1 photo de vous pour que je vous dessine ;) à : interview@mister-k-fighting-kit.com
*Vous êtes nombreux à m'envoyer vos témoignages, merci pour votre confiance si précieuse, pour cette même raison, les diffusions de vos interviews seront parfois diffusées dans plusieurs mois, mais sachez que je garde et transmets absolument TOUS les témoignages qui me sont envoyés, merci pour votre compréhension.
Sachez que je ne retouche aucune Interview, elles sont complètement libres, c'est votre liberté, votre histoire, je rajoute juste ma touche perso avec l'illustration, elles sont délivrées telles qu'elles m'ont été envoyées ;)
NEVER GIVE UP !!
Charlotte