ITW n°10: Nathalie - Chirurgien du K.
Hello Nathalie,
Tout d’abord merci d’accepter de partager votre expérience, aujourd’hui cette interview est avant tout de partager votre “ressenti” en tant que médecin mais surtout en tant qu’être humain sensible et empathique ;)
Commençons:
Qui êtes vous ?
Prénom: Nathalie
Age : 34 ans
Profession: médecin
En quoi êtes vous spécialisée ?
Gynécologie/ chirurgie gynécologique (spécialisée dans les K gyneco)
Pourquoi avez vous choisi ces spécialités ?
Depuis toujours la femme me passionne: de l’adolescente à ses derniers jours, toutes ses pathologies ont un impact sur son psyché, et inversement ! J’aime l’idée de traiter ma patiente et non pas me cantonner à sa maladie.
Puis, une personne qui m’est très chère a été traitée pour un cancer du sein lors de ma 1ère année de médecine, ce qui m’a orientée vers la cancérologie.
Quant à l’aspect chirurgical, la puissance de l’acte technique, ses effets quasi-immédiats sur le patient, m’ont depuis rendue “accro” à ma spécialité.
Comment annoncez vous les “mauvaises” nouvelles quand vous annoncez un K ?
Je n’ai pas de phrase toute faite.
J’essaie de percevoir dans quel état d’esprit la patiente entre dans la consultation. Puis je me mets à sa place et je me dis: comment je pourrais recevoir une telle nouvelle dans l’état où je suis?
Très rapidement, je parle ensuite du combat. Un maximum de mots positifs, actifs.
Je ne cache rien à une patiente pour éviter de perdre sa confiance. Mais j’évite de devancer des questions que ma patiente ne pose pas. Parfois elle n’a pas envie d’entendre toutes les informations en une seule fois.
Comment vous préparez vous avant l’annonce, quelle est votre méthode pour vous blinder ?
Je ne me blinde jamais.
Je me prépare en cherchant tous les points "positifs" de la situation sur lesquels j’appuierai plusieurs fois en consultation.
Quels sont vos premiers réflexes (avant l’annonce et après) ?
Avant: vérifier qu’on puisse être tranquilles, sans précipitation.
Après: vérifier que la patiente a bien compris l’annonce. Vérifier que je ne la laisse pas repartir paniquée. Je la laisse sortir quand j’ai le sentiment d’avoir pu la rassurer.
Quel est votre ressenti après l’annonce ?
Si la patiente sort “en confiance” de la consultation, alors une partie est "gagnée" et je suis heureuse.
Que conseillez vous au patient après une telle annonce ?
Il va falloir accepter l’inacceptable.
Chaque émotion ressentie devrait être vécue au moment où on la resent.
Parfois, certains patients pensent pouvoir combattre seuls. Pour ma part, je pense qu’il faut essayer de faire confiance en un ami, un parent, s’appuyer sur une épaule pour ne pas être seule. Des coups durs il y en aura, autant ne pas être isolée.
Que conseilleriez vous aux proches ?
ECOUTER +++
Ne pas avoir peur d’écouter la souffrance de celui/celle qu’on aime.
Arrivez vous à prendre de la distance à chaque fois, quand vous rentrez dans votre quotidien le soir ?
Que faites vous pour vous changer les idées, quand vous êtes trop impactée ?
Le plus souvent, cela ne me poursuit pas chez moi.
Exceptionnellement, il m’est arrivé d’être en “sym”pathie avec certains patients , de transférer un sentiment filial, maternel, amical… J’ai juste besoin d’éloignement et de temps qui passe pour éviter de souffrir avec mon patient afin de l’aider au maximum.
Quels seraient vos meilleurs conseils / astuces pour patients / proches pendant le combat (à l’hopital , chez eux …)?
Se rapprocher des autres pour ne pas être isolé. Association de patients, entourage familial etc…
Parler++, écouter++, communiquer!
Enfin, une astuce que m’a donnée Mme C., une merveilleuse patiente. Elle se battait CHAQUE jour en ayant un objectif court: la JOURNEE. Ainsi, chaque jour était combattu sans regarder trop loin. Son angoisse en était diminuée.
Lorsque les traitements s’achèvent, S’AIMER suffisamment pour accepter qu’on ne sera pas opérationnel(le) toute de suite, que les moments de déprime et de fatigue qui arrivent à la fin des traitements sont un contre-coup fréquent, ne pas en avoir peur.
Que préconisez vous pour gérer l’anxiété, les insomnies ? (pas de médocs forcément ça peut être des astuces)
Les soins de support++
Pratiquer un sport
Avoir recours à la sophrologie, au yoga, l’acupuncture, ostéopathie etc….
Quelles sont vos astuces pour faciliter les traitement (dans un cadre de coquetterie, pas medical) ;) ?
Les meilleures crèmes cicatrisantes ?
Elles sont nombreuses maintenant à améliorer la cicatrisation: Cicalfate, cicatryl etc…
Les meilleurs pansements à utiliser ?
Certains pansements sont moins agressifs comme le Mepilex quand la peau est très abimée.
Croyez vous aux bienfaits des médecines parallèles ?
(Type : acupuncture / homéo / auriculothérapie / psy ..?)
Oui !
Quels conseils préventifs de dépistage pourriez vous nous donner pour certains K ?
Se faire suivre+++ ( ex: frottis/ 3 ans, examen mammaire 1/ an pour ma spécialité).
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Je pense que c’est important d’avoir un témoignage de professionnel , pour montrer aux patients & proches que les médecins sont humains et sensibles, ahah. Ça peut aider les patients à mieux comprendre la psychologie du corps medical ;)
Merci 1000 fois Nathalie d’avoir accepté cette interview, votre témoignage est indispensable pour mieux apprivoiser toutes les astuces du K et les "backstage" de la maladie, pour aussi pouvoir s’armer de force & de courage.
Je pense que toutes les femmes qui nous lisent, concernées (par les K gynéco) "rêvent" à présent de vous rencontrer, pour être accompagnées. A mon sens compétences, sensibilité & empathie sont des atouts fondamentaux pour puiser les meilleures ressources, merci Nathalie... :) Le lien de confiance avec son médecin est fondamental pour se donner toutes les clés !
A très bientôt
Charlotte
<:en>ITW n°10 : Nathalie - Surgeon of the K .
Hello Nathalie,
Firstly, thank you for accepting to share your experience. Today, this interview is first about sharing your “feeling” as a physician yet especially as a sensitive and empathic human being. ;)
Let's start :
Who are you ?
Name : Nathalie
Age : 34
Profession: doctor
What is your specialty?
Gynecology/gynecologic surgery
Why did you choose these specialties?
Since always I have been fascinated by the woman: from teenage years to her last days, all her pathologies have an impact on her psyche, and in return! I like the idea to treat my patient and not to be restricted to her illness.
Then, during my first year of medicine studies, one of my dear ones has been treated for a breast cancer, which headed me for cancer research.
Regarding surgery, the power of the technical act, its quite immediate effects on the patient, addicted me to my specialty.
How do you announce “bad” news when you have to announce a K?
(for example: do you have ready-made sentences, how do you adapt to the patient: age, social background, patient’s character… ?)
I do not have a set phrase.
When starting the consultation, I try to understand the patient’s state of mind. Then I try to put myself in her shoes and I think: how could I hear such a news being in this situation?
Very rapidly, I then speak about the struggle. A maximum of positive and active words.
I do not hide anything to a patient in order to avoid betraying her trust. Yet I avoid to pre-empt questions that my patient is not asking herself. Sometimes she doesn’t feel like hearing all information at once.
How do you prepare yourself before the announcement, what is your method to harden yourself?
I never harden myself.
I prepare myself by underlining all positive points of the situation. Points I will emphasize several times during consultation.
What are your first reactions (before and after the announcement)?
Before: verifying that we will not be disturbed or in any hurry.
After: verifying that the patient understood well the announcement. Verifying that she is not leaving in panic. I let her go when I have the feeling I had reassured her.
What is your advise after such an announcement?
You are going to have to accept the unacceptable.
Every emotion that you feel should be experienced at the time it is felt.
Sometimes, some patients think they can fight on their own. On my side, I think it is best to try to trust a friend, a relative, to be backed up by someone to avoid being lonely. Hard knocks will come, let’s not be lonely.
What would you advise to close relations?
LISTENING +++
Not to be afraid to listen to the pain of the one you love.
What is your feeling after the announcement?
If the patient leaves the consultation “in trust”, then it is partly won and I am happy.
Do you succeed in keeping your distance each time, when you go back to daily life in the evening?
What do you do to change your mind, when you are too much overwhelmed?
Most of the times, I do not carry it home.
Exceptionally, I feel in “sym”pathy with some patients and transfer a filial, maternal, friendly… feeling. I just need distance and time to avoid suffering with my patient in order to help her to the full.
What would be your best advices/ hints for your patients/close family or friends during the striggle (in hospital, at home …)?
To get closer to others in order to avoid being lonely. Patients’ associations, close relatives, etc.
To speak ++, to listen ++, to communicate!
A hint given by Mrs C., a wonderful patient. She was fighting EACH day trying to reach a short-term goal: the DAY. This way, she fought each day without looking too far. Her anxiety was then reduced.
When the treatments end, LOVING ONESELF enough to accept not being operational immediately, to understand that periods of depression and weariness which appear at the end of treatments are common after-effects and not to be afraid of them.
What do you recommend to deal with anxiety, insomnia? (not necessarily drugs, it can be hints)
Support care ++
To practise a sport
To use sophrology, yoga, acupuncture, osteopathy, etc.
What are your hints to ease the treatments (regarding interest in appearance) ;)?
The best healing creams?
There is a lot of them now to improve healing: Cicalfate, Cicatryl, etc.
The best wound dressings to use?
Some are less aggressive like the Mupilex when the skin is very damaged.
Do you believe in the benefits of alternative medicines like acupuncture/homeopathy/auriculotherapy/psychotherapy…?
Yes!
Which preventive screening advices could you give for some K?
To be regularly screened+++ (ex: smear test every 3 years, breast exam every year for my specialty).
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I think it is important to have a professional record, to show patients and close relatives & friends that physicians are human and sensitive, ahah. It can help the patients to better understand the medical professionals’ psychology.
Thank you a thousand times for having accepted to share this with us, your record is essential to better win over the K hints, to buckle down and to feel strong.
See you very soon,
Charlotte
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