Les boutons - histoire de savoir-faire
Nichée dans la région lyonnnaise, nous avons choisi, pour la fabrication de nos boutons, un savoir-faire d'exception : celui de la maison Corne et Corozo. Créateur de boutons depuis 1929, cet atelier travaille dans une dynamique écologique certaine et épouse les valeurs de notre marque: un vestiaire engagé. Nous avons interrogé notre fournisseur et interlocuteur privilégié Nicolas, directeur grands comptes monde au sein de l'atelier de boutons.
1° Peux-tu me présenter en quelques mots Corne et Corozo ainsi que son savoir-faire et ton rôle au sein de l’entreprise ?
La société Corne et Corozo a été créée en 1929 et est implantée dans la région Lyonnaise, elle fait partie des derniers boutonniers français spécialisés dans la création de boutons.
La société a été précurseur en lançant sa première collection de boutons éco-conçus dès 2017 suite à la demande de sa clientèle mais également par conviction. Elle est riche aujourd’hui en propositions de solutions de produits éco-conçus, recyclés ou bio-sourcés.
Depuis, Corne et Corozo a largement investi dans les certifications de ses produits afin de prouver leur composition et est fière d’avoir obtenu en 2023 la certification ISO 14001 afin d’appuyer ses engagements éco-responsables.
2° Pourquoi as-tu choisi de t’orienter dans l’univers du bouton ?
Depuis tout petit je suis passionné par la mode, plus particulièrement les souliers. J’ai d’abord travaillé dans la chaussure de luxe. J’ai souhaité être plus proche des marques, et faire réellement partie du processus de création. En devenant boutonnier mon rêve se réalisait, car dorénavant je passe mes journées dans les ateliers de mes clients. Et rien ne me rends plus heureux que de voir une collection se développer, en y ajoutant ma petite contribution. Voir mes boutons sur des vêtements dans la rue, est une source de fierté, encore lorsqu’ils sont des pièces réalisées par une marque comme la vôtre dont je partage les valeurs.
3° Qu’est ce qui distingue Corne et Corozo des autres entreprises du secteur des boutons ?
Mis à part le fait que nous sommes le plus vieux boutonnier français encore en activité, ce qui différencie vraiment Corne et Corozo de la concurrence est sa volonté depuis 7 ans à devenir la plus vertueuse possible. Notamment en proposant aux clients qui le souhaitait des alternatives Eco-Responsable aux matières d’origines fossiles ou naturelles. Nous souhaitons contribuer à notre échelle à rendre cette industrie plus propre. C’est également pour cela que nous travaillons sur les notions de certification d’entreprise.
4° Quelles sont les étapes clés du processus de fabrication d’un bouton de la matière première jusqu’au produit fini ?
J’en profite pour parler de la matière que je préfère, à savoir le corozo. Il s’agit d’une noix qui pousse dans un palmier. Le coloris naturel ressemble à de l’ivoire, c’est pour cela que l’on parle souvent d’ivoire végétale. On reconnait cette matière, grâce aux nervures que l’on aperçoit lorsque le bouton est teint. Cela ressemble à des vaguelettes, c’est presque de la poésie de contempler un beau bouton teint en corozo.
Le processus de fabrication du corozo est le suivant. On va découper des pions dans les noix comme des pions de backgammon. Puis à partir de ces pions on va enlever de la matière pour faire apparaitre la forme du bouton que l’on souhaite développer. La taille et l’épaisseur du pion est importante car elle doit être suffisamment grande et épaisse pour que la machine puisse développer correctement la forme. On appel cette partie le tournage.
Une fois que le pion est tourné et que la forme est donc réalisée, on va s’occuper de la finition du bouton pour enlever les petites imperfections. Une fois cette étape réalisée, dans le cas où le client souhaite teindre le bouton, on va tremper les boutons dans une cuve d’eau. 24h plus tard les boutons se sont dilatés, et ils pourront accueillir les pigments de teinture. La teinture est artisanale, c’est un procédé réalisé par l’homme, ou plutôt par la femme car ce sont nos teinturières qui s’occupent de cette tâche à grande valeur ajoutée. Je dois avouer que c’est la partie qui m’impressionne le plus. Partir d’un morceau de tissu et faire un coloris ton sur ton sur un bouton n’est pas simple du tout. Certains coloris sont plus compliqués à réaliser que d’autres, et le processus peut durer parfois plusieurs jours avant de tomber sur la bonne tonalité. Vous ne regarderez plus un bouton teint de la même manière, si vous saviez à quel point cela demande de la patience et l’œil expert de nos teinturières. Une fois le bon coloris atteint, on sort les boutons du bain de teinture, et on les met dans un grand four qui va permettre au corozo de reprendre sa forme initiale, forme d’origine car au contact prolongé de l’eau il était devenu plus souple et gonflé. A la sortie du four une personne autre qu’une teinturière va contrôler les coloris par rapport au tissu du client afin de s’assurer que le coloris convient sinon les boutons seront retouchés.
5° Quels sont les principaux défis auxquels vous faites face ?
Mais les défis auxquels nous sommes confrontés tout au long de l’année sont eux très nombreux. Notamment en ce qui concerne l’aspect RSE de notre métier. Nous mettons la barre très haute, nous sommes très exigeants avec nous-mêmes afin que CCR devienne la référence en Europe en terme d’éthique et d’Eco responsabilité. Mais souvent cela se fait au détriment de CCR, car toutes nos initiatives (certification R&D, formation ect) ont un énorme coût pour une société de notre taille et nous ne pouvons pas répercuter cela sur nos prix car le secteur de la mode est dans une période charnière ou la tendance est plutôt à l’économie. C’est donc un pari sur l’avenir que nous faisons. Nous partons du principe qu’il faut faire de gros efforts maintenant afin d’en récolter les fruits plus tard. Nous souhaitons donner envie aux marques qui ne nous connaissent pas encore de travailler avec nous. En partageant des valeurs communes, comme l’envie de réduire son impact ou par exemple de fabriquer des produits de qualité qui seront durables. Mon rôle à énormément évoluer depuis le COVID, les marques me sollicitent de plus en plus pour recevoir des conseils et échanger avec moi concernant le choix de leurs boutons. Comment utiliser des boutons plus vertueux sans que cela pèse trop lourdement sur la marge, voilà mon challenge. Faire comprendre que l’on ne peut pas tout avoir est mon rôle, ou alors il faut accepter d’y mettre le prix. Vouloir de la traçabilité, de la transparence, des certifications, de la qualité ect aux prix du bas de gamme n’est pas possible. C’est pourtant ce que l’on demande quotidiennement. Ce qui n’est pas le cas de marque comme la vôtre, ou le postulat de départ à toujours été de produire des vêtements de qualité avec le moins d’impact possible, sans que cela soit au détriment du look ou de la durabilité.
6° Comment garantissez-vous la qualité et la durabilité de vos boutons ?
Nous avons en interne un service de qualité qui contrôle toutes les sorties de productions (coloris, épaisseur, matière, taille …) et tient à jour une fiche de suivi.
Nous avons établi un tableau avec chaque matière avec des conseils d’utilisation pour une meilleure durabilité. Notamment pour les boutons en corozo nous préconisons d’appliquer un verni protecteur pour éviter les dégorgements et pour les boutons zamack d’appliquer un vernis protecteur anti-oxydation.
7° Utilisez-vous des techniques artisanales ou bien plutôt des techniques avancées dans la production de vos boutons ?
Le métier du bouton sollicite encore la main de l’homme notamment dans la découpe des pions dans les matières naturelles comme la nacre, la corne, le corozo … Le tournage quant à lui est automatisé même si les machines sont réglées manuellement et les productions supervisées par des techniciens.
Nous proposons aujourd’hui des techniques avancées comme l’impression UV, la métallisation sous vide….
8° D’où proviennent les matériaux que vous utilisez ? Comment sourcez-vous vos matières premières ?
Tout dépend des matériaux. Le corozo par exemple vient d’Equateur. L’Eco Gala fait à partir de lait recyclé (98%) vient d’Irlande et Italie. Nous sommes constamment à la recherche de matières vertueuses qui peuvent répondre aux exigences de l’industrie de la mode. C’est un très grand challenge car il faut que la matière résiste aux lavages répétés des vêtements, à la chaleur, qu’elle puisse se teindre, qu’elle soit très solide ect le cahier des charges est énorme, les contraintes nombreuses, mais l’aventure est génial. Trouver une matière qui coche toutes ces cases, et qui nous permet de proposer à nos clients des alternatives aux matières fossiles ou animales est une grande fierté. Comme par exemple le filet de pêche français 100% recyclé.
9° 3 mots pour définir Corne et Corozo :
Transparence, modernité, héritage
10° Si Mister k était un bouton, lequel serait-il et pourquoi ?
Ce serait sans aucun doute un bouton élégant, épuré, éco-responsable et durable. Je dirais notre référence 6474, avec une sublime teinture qui met en avant les nervures naturelles de cette matière. Un vernis brillant pour accentuer la finition, et faire ressortir les atouts du corozo.